La Belgique fait face à un défi majeur concernant la prise en charge de la santé mentale des demandeurs d’asile, selon un récent rapport du Conseil Supérieur de la Santé. Cette problématique, longtemps négligée, mérite une attention particulière alors que les vulnérabilités de cette population s’accentuent.
Un parcours semé d’embûches
Les demandeurs d’asile présentent des risques accrus de troubles psychologiques, notamment en raison de leur parcours migratoire souvent traumatisant. Stress post-traumatique, anxiété et dépression sont particulièrement fréquents au sein de cette population. La situation est d’autant plus préoccupante que ces personnes doivent faire face à de multiples obstacles une fois arrivées en Belgique : discrimination, isolement social et procédures administratives complexes.
La crise du logement n’arrange rien : le manque de places d’accueil et les séjours prolongés dans les centres collectifs constituent des facteurs de stress supplémentaires, impactant significativement leur équilibre psychologique.
Des barrières persistantes aux soins
Malgré un droit théorique aux soins de santé, l’accès reste problématique pour de nombreux demandeurs d’asile. Les principaux obstacles identifiés sont la méconnaissance du système de santé belge, les barrières linguistiques et culturelles, ainsi qu’un manque de formation des professionnels de santé.
Un appel à l’action à tous les niveaux
Face à ce constat, le Conseil Supérieur de la Santé formule des recommandations ciblées. Au niveau européen, il préconise une politique d’asile davantage centrée sur les droits humains. Pour les autorités belges, les priorités sont multiples : garantir un logement adapté, améliorer l’accompagnement psychosocial dans les centres d’accueil et simplifier les procédures administratives.
Le rapport souligne également l’importance de former les professionnels de santé aux spécificités culturelles et aux traumatismes particuliers que peuvent présenter les demandeurs d’asile.
Un enjeu d’intégration
L’amélioration de la prise en charge de la santé mentale représente un investissement crucial pour l’avenir. En 2023, 43,5% des demandeurs d’asile (environ 12 800 personnes) ont obtenu un droit de séjour en Belgique. Leur bonne intégration dans la société belge dépend en grande partie de leur bien-être psychologique.
La balle est désormais dans le camp des autorités pour transformer ces recommandations en actions concrètes et assurer une prise en charge digne et efficace de la santé mentale des demandeurs d’asile.
SSM Ulysse : Un phare pour les exilés en souffrance
Fondé en 2001 à Bruxelles, le Service de Santé Mentale (SSM) Ulysse est une institution unique en son genre, spécialisée dans l'accompagnement psychologique des personnes exilées en situation de précarité. Situé à Ixelles mais rayonnant sur toute la région bruxelloise, le service propose une approche globale et adaptée aux besoins spécifiques de ce public vulnérable.
En 2021, Ulysse a accompagné 389 personnes originaires de 61 pays différents, offrant plus de 5 700 consultations, dont près d'un quart avec l'aide d'interprètes professionnels. Au-delà du suivi thérapeutique et psychiatrique individuel, l'institution propose des activités communautaires variées : ateliers créatifs, groupes de parole, sorties culturelles et programme spécifique pour les femmes enceintes et les jeunes mères.
Reconnu par les Nations Unies pour son aide aux victimes de torture, Ulysse bénéficie du soutien de la COCOF, de l'ONE et coordonne le Réseau Santé Mentale en Exil depuis 2007. Sa particularité : une prise en charge entièrement gratuite, incluant les frais de déplacement et d'interprétariat, pour lever tout obstacle aux soins en santé mentale.
Contact : 02/533.06.70 | coordination@ulysse-ssm.be | www.ulysse-ssm.be
Adresse : Rue de l'Ermitage 52, 1050 Ixelles