La COP29 menacée par les conflits d’intérêts et la corruption

Un rapport publié par Transparency International révèle comment la conférence climatique COP29, qui se tiendra en novembre 2024 à Bakou en Azerbaïdjan, risque d’être détournée au profit des intérêts pétroliers et gaziers.

Un pays hôte très problématique

L’Azerbaïdjan, qui accueillera la COP29, est un régime autoritaire classé 164e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse. Le pays obtient également un score très faible de 23/100 à l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Le président Ilham Aliyev, qui a succédé à son père en 2003, contrôle fermement le pays et ses ressources pétrolières.

SOCAR, le géant pétrolier aux commandes

La compagnie pétrolière nationale SOCAR joue un rôle central dans l’organisation de la COP29. Le président désigné de la COP29, Mukhtar Babayev, est un ancien cadre dirigeant de SOCAR. Le président actuel de SOCAR siège au comité d’organisation et le PDG de la COP29 est membre du conseil de surveillance de SOCAR.

Or SOCAR a un lourd passif en matière de corruption. L’entreprise a notamment été accusée de verser des pots-de-vin à des parlementaires européens et américains pour défendre les intérêts du régime azerbaïdjanais.

Des conflits d’intérêts majeurs

Le rapport pointe plusieurs conflits d’intérêts inquiétants :

  • SOCAR poursuit actuellement une stratégie d’expansion de sa production pétrolière et gazière, en contradiction avec les objectifs climatiques
  • Plusieurs membres du comité d’organisation ont été impliqués dans des scandales de corruption
  • Les entreprises proches de la famille présidentielle obtiennent des contrats liés à la COP29
  • La société civile indépendante est muselée tandis qu’une « Coalition d’ONG » proche du pouvoir est mise en avant

Une stratégie de communication massive

Le gouvernement azerbaïdjanais a engagé la firme de relations publiques Teneo pour 4,7 millions de dollars afin de gérer sa communication autour de la COP29. Cette campagne vise notamment à promouvoir l’idée que l’expansion des énergies fossiles est compatible avec l’action climatique.

Des recommandations pour préserver l’intégrité de la COP

Face à ces risques, Transparency International formule plusieurs recommandations :

  • Renforcer les critères de sélection des pays hôtes
  • Exiger plus de transparence sur les arrangements d’organisation
  • Établir des règles strictes sur les conflits d’intérêts
  • Garantir l’indépendance de la présidence
  • Assurer la participation effective de la société civile

Un précédent inquiétant

Ces révélations font écho à la controverse autour de la COP28 à Dubaï, où la compagnie pétrolière nationale ADNOC avait profité de l’événement pour conclure des contrats pétroliers et gaziers pour 100 milliards de dollars.

Une menace pour l’action climatique

Le rapport conclut que sans réformes profondes des règles d’organisation, les COP risquent d’être de plus en plus détournées par les intérêts fossiles, compromettant gravement la lutte contre le changement climatique.

L’exemple de l’Azerbaïdjan montre comment un pays exportateur de pétrole avec un gouvernement autoritaire peut utiliser sa position d’hôte pour promouvoir ses propres intérêts au détriment des objectifs climatiques.

La COP29 sera donc un test crucial pour l’avenir de la gouvernance climatique mondiale. Sans garde-fous solides contre l’influence indue des industries fossiles, la crédibilité même du processus multilatéral de négociation climatique pourrait être remise en cause.

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