Airbus, géant aéronautique européen, est au cœur d’une controverse concernant ses liens avec l’industrie de défense chinoise et indirectement avec la junte militaire birmane. L’entreprise est accusée de contribuer indirectement à des violations des droits humains au Myanmar à travers ses partenariats avec AVIC (Aviation Industry Corporation of China). Les ONG Justice For Myanmar et Info Birmanie viennent de sortir un rapport accablant pour Airbus.
Le rôle d’AVIC dans la répression au Myanmar
AVIC, conglomérat aérospatial et de défense chinois, est un fournisseur majeur d’avions militaires et d’armements à l’armée birmane. Depuis le coup d’État de 2021, ces équipements sont utilisés pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. AVIC et ses filiales ont livré divers aéronefs militaires au Myanmar, dont des avions de combat FTC-2000G, des avions de transport Y-12 et Y-8, des avions d’entraînement K-8, et des chasseurs JF-17. Ces appareils sont impliqués dans des frappes aériennes contre des civils à travers le pays.
Les liens étroits entre Airbus et AVIC
Airbus maintient d’importants partenariats avec AVIC malgré ces activités controversées. L’entreprise européenne détient 5,03% d’AviChina, filiale cotée d’AVIC, faisant d’elle le troisième actionnaire. Airbus et AVIC collaborent sur de nombreux projets aéronautiques civils et militaires, notamment via des coentreprises en Chine. Le PDG d’Airbus Chine siège même au conseil d’administration d’AviChina.
Risques de transferts technologiques
Ces liens soulèvent des inquiétudes quant au transfert potentiel de technologies et savoir-faire d’Airbus vers l’industrie militaire chinoise. Bien qu’Airbus affirme que ses partenariats sont purement civils, la politique chinoise de « fusion militaire-civile » rend cette séparation illusoire selon des experts.
La position contradictoire des gouvernements actionnaires
La situation est d’autant plus problématique que trois des principaux actionnaires d’Airbus – les gouvernements français, allemand et espagnol – ont fermement condamné les exactions de l’armée birmane. Leur soutien implicite aux activités d’Airbus en Chine apparaît contradictoire avec ces positions officielles.
Appels à l’action et responsabilité des entreprises
Les ONG Justice For Myanmar et Info Birmanie appellent Airbus à user de son influence pour que AVIC cesse ses livraisons à l’armée birmane. Elles demandent également plus de transparence sur la diligence raisonnable d’Airbus concernant ses partenariats chinois. En dernier recours, un désengagement d’AviChina est réclamé si les transferts d’armes se poursuivent.
Cette affaire soulève des questions sur la responsabilité des entreprises dans les zones de conflit. Selon les principes directeurs de l’ONU, Airbus a l’obligation d’identifier et prévenir les risques liés aux droits humains dans l’ensemble de sa chaîne de valeur, y compris l’utilisation finale de ses produits. La loi française sur le devoir de vigilance impose également à Airbus d’évaluer ces risques chez ses partenaires commerciaux.
Les limites de la diligence raisonnable d’Airbus
Pourtant, le plan de vigilance 2022 d’Airbus ne mentionne pas les risques liés à ses activités en Chine ou l’utilisation potentielle de ses technologies dans des violations des droits humains. L’entreprise semble se concentrer principalement sur les risques directs de sa production (travail forcé, sécurité des passagers, impact environnemental).
Conclusion : Des défis éthiques croissants pour les multinationales
Cette affaire illustre les dilemmes éthiques auxquels sont confrontées les multinationales opérant dans des contextes géopolitiques complexes. Elle met en lumière les limites des engagements volontaires en matière de responsabilité sociale et la nécessité de mécanismes de contrôle plus stricts.
Pour Airbus, l’enjeu est de taille : préserver ses intérêts commerciaux en Chine tout en respectant ses obligations éthiques et légales. L’entreprise devra probablement renforcer sa diligence raisonnable et potentiellement reconsidérer certains partenariats pour maintenir sa crédibilité.
Plus largement, ce cas soulève des questions sur la régulation des entreprises opérant à l’international et le rôle des États actionnaires dans la prévention des atteintes aux droits humains. Il met en évidence la nécessité d’une meilleure cohérence entre les politiques étrangères des pays européens et leurs intérêts économiques.
Alors que les tensions géopolitiques s’accentuent, notamment entre la Chine et l’Occident, les entreprises comme Airbus se retrouvent de plus en plus souvent au cœur de dilemmes éthiques et stratégiques. Leur capacité à naviguer ces eaux troubles tout en respectant les droits humains sera cruciale pour leur réputation et leur pérennité à long terme.
Les exactions de l'armée birmane : un bilan accablant
Depuis le coup d'État du 1er février 2021, l'armée birmane (Tatmadaw) se livre à une répression brutale contre la population civile :
— Attaques aériennes indiscriminées : Multiplication par 5 des frappes aériennes contre des zones civiles entre novembre 2023 et mars 2024.
— Massacres de civils : Exécutions sommaires, torture et violences sexuelles documentées par l'ONU.
— Déplacements forcés : Plus d'un million de personnes déplacées à l'intérieur du pays.
— Détentions arbitraires : Des milliers d'opposants politiques, journalistes et activistes emprisonnés.
— Crimes contre l'humanité : La Mission d'enquête de l'ONU a conclu en 2018 que l'armée birmane avait commis des crimes contre l'humanité et un possible génocide contre la minorité rohingya.
— Utilisation d'armes prohibées : Emploi de bombes à sous-munitions et de mines antipersonnel.
Ces violations systématiques du droit international humanitaire ont été condamnées par de nombreux pays et organisations internationales. Malgré cela, la junte continue de bénéficier du soutien militaire de certains pays, dont la Chine et la Russie.
Article rédigé à l'aide de l'IA