Le célèbre fabricant de logiciels espions NSO Group prépare son retour

Source: https://www.wired.com/story/nso-group-lobbying-israel-hamas-war/

Le NSO Group, créateur du logiciel espion Pegasus, tente de redorer son image ternie et d’annuler les réglementations américaines qui ont porté préjudice à ses activités. Pour ce faire, la société de cyber-renseignement mène une campagne de lobbying de plusieurs millions de dollars visant à positionner ses logiciels espions comme essentiels à la sécurité mondiale.

Un rapport de transparence discret

Le 31 décembre 2023, NSO Group a publié un nouveau rapport de transparence, le premier depuis plus de deux ans. Le document de 27 pages vise à démontrer la résilience, les progrès et la responsabilité visant à renforcer davantage le programme de conformité des droits de l’homme de l’entreprise. Il affirme que la société a « ouvert 19 enquêtes sur des allégations d’utilisation abusive potentielle de produits », qui ont abouti à la « suspension ou à la résiliation » de six comptes clients.

Des critiques dubitatives

Cependant, les critiques du NSO Group expriment leur scepticisme quant à ses affirmations. David Kaye, professeur de droit à l’Université de Californie à Irvine, qui a examiné les politiques de l’entreprise en tant que rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, déclare que le rapport « ne reconditionne principalement que les défenses et les déclarations préexistantes que NSO Group a avancées pour promouvoir son travail et se démarquer dans le secteur des logiciels espions commerciaux ».

Une campagne de lobbying agressive

En plus du rapport de transparence, NSO Group mène une campagne de lobbying agressive à Washington. L’entreprise a dépensé un total de 3,1 millions de dollars en lobbying sur Washington depuis 2020. Sur ce montant, au moins 897 000 $ ont été dépensés rien qu’en 2023.

La guerre entre Israël et le Hamas comme opportunité

NSO Group tente également de tirer parti de la guerre entre Israël et le Hamas pour se présenter comme un allié précieux des gouvernements dans la lutte contre le terrorisme. La société de cyber-renseignement s’est portée volontaire pour aider les services de sécurité israéliens à retrouver les personnes kidnappées par le Hamas.

L’avenir incertain du NSO Group

Il reste à voir si les efforts de NSO Group seront couronnés de succès. L’entreprise fait face à une forte opposition de la part de la société civile et des groupes de défense des droits de l’homme. Cependant, la guerre entre Israël et le Hamas pourrait offrir à NSO Group une opportunité de redorer son image et de plaider sa cause auprès de l’administration Biden.

Contexte

Le Projet Pegasus est une collaboration sans précédent menée par plus de 80 journalistes de 17 médias dans 10 pays et coordonnée par Forbidden Stories, une ONG basée à Paris travaillant dans le secteur des médias, avec le soutien technique d’Amnesty International, qui ont mené des analyses techniques de pointe visant à détecter des traces du logiciel espion Pegasus dans des téléphones portables.

La collaboration a démontré que ce logiciel avait été utilisé pour favoriser des atteintes aux droits humains à grande échelle partout dans le monde, après les révélations sur des fuites massives concernant 50 000 numéros de téléphone désignés comme cibles potentielles du logiciel espion de NSO Group.

Le Projet Pegasus a eu des retombées considérables qui continuent de se répercuter dans le monde entier. Le 11 mars, le Parlement européen a voté la création d’une nouvelle « commission d’enquête » sur les utilisations abusives de Pegasus par les États membres de l’Union européenne. Le Projet Pegasus a également permis à plusieurs personnes ayant découvert que leurs appareils avaient été ciblés par le logiciel espion d’engager des poursuites, notamment en France, au Mexique et en Inde.

Voir aussi : Espionnage téléphonique à grande échelle : le Projet Pegasus

En novembre 2021, le ministère américain du Commerce a annoncé le placement de NSO Group sur sa liste noire en raison de ses « activités malveillantes ». Quelques semaines plus tard, Apple a lancé une action en justice contre NSO Group afin de « juguler les recours abusifs cautionnés par l’État au logiciel espion ». L’entreprise a salué le travail sans précédent mené par Amnesty Tech et Citizen Lab en vue d’identifier les recours abusifs à la cybersurveillance.