Burundi: le président appelle à la lapidation des personnes LGBT

Le mariage homosexuel « pratique abominable », des couples gay à « lapider » car ils ont « choisi le diable » et attirent la « malédiction » divine: le président burundais Evariste Ndayishimiye s’est livré vendredi à une virulente diatribe contre l’homosexualité. On attend une réponse ferme de la diplomatie belge et européenne…

Dans un climat qui ne cesse de se détériorer pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) en Afrique de l’Est, le président burundais Évariste Ndayishimiye a jeté de l’huile sur le feu. S’adressant à des journalistes le 29 décembre, il a déclaré : « si vous voulez attirer la malédiction sur un pays, il faut permettre l’homosexualité » et « on devrait les [les personnes LGBT] mettre dans un stade et les lapider avec des pierres » parce que « c’est ce qu’elles méritent ».

La réaction ne s’est pas fait attendre. Un militant LGBT au Burundi, qui a demandé à rester anonyme, a raconté à Human Rights Watch : « Très vite, sur les réseaux sociaux, [on a vu apparaître] un millier de commentaires de partisans [du président] qui ont rivalisé de menaces et d’appels au meurtre, tous plus atroces les uns que les autres ». Beaucoup de commentaires allaient plus loin que les mots du président, appelant à encore plus de violence et à des châtiments violents à l’encontre des personnes LGBT.

Quelques jours plus tard, l’ambassadeur du Burundi en Belgique a publié une déclaration affirmant que les paroles du président avaient été « mal interprété[es] ». Si les États-Unis et l’Union européenne ont appelé le gouvernement burundais à respecter les droits de tous les Burundais, ils n’ont pas dénoncé pour autant le caractère homophobe de ces propos.

Le code pénal burundais réprime les relations homosexuelles, passibles d’amendes et de peines allant de trois mois à deux ans de prison. En mars, 24 personnes avaient été accusées de « pratiques homosexuelles ou incitation aux pratiques homosexuelles » et écrouées. Sept d’entre elles ont été condamnées, cinq à deux ans de prison ferme et deux autres à un an de prison.

Un mal qui se répand dans toute l’Afrique

Amnesty International a publié récemment une nouvelle synthèse portant sur 12 États africains, qui expose l’utilisation croissante des systèmes légaux en 2023 pour cibler et discriminer de manière systématique les personnes LGBTI. Il s’agit notamment de cas où les lois ont servi à persécuter et marginaliser les membres de la communauté LGBTI, ce qui met en évidence une tendance à utiliser des mécanismes juridiques comme instruments de répression.