L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a publié un rapport lundi dénonçant les violations des droits humains dont sont victimes les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en Tunisie.
Le rapport, intitulé « Les routes de la torture », documente des cas d’arrestations arbitraires, de déplacements forcés et d’expulsions illégales vers la Libye et l’Algérie.
L’OMCT affirme que ces violations sont commises par les autorités tunisiennes sous la pression de l’Europe pour réduire la migration irrégulière en Méditerranée.
Le rapport commence par rappeler que les violations des droits humains des migrants en Tunisie ont connu une intensification progressive depuis le discours du président Kais Saied en février 2023, dans lequel il dénonçait l’arrivée en Tunisie de « hordes de migrants clandestins ».
L’OMCT affirme que « un changement profond au niveau institutionnel » s’est opéré cet été, caractérisé par des expulsions illégales et forcées de personnes de leurs logements, des déplacements forcés et la mise en place de lieux de privation de liberté, ainsi que des déportations et expulsions vers la Libye et l’Algérie, devenues plus structurées et régulières depuis septembre.
Le rapport donne des exemples concrets de ces violations.
En juillet 2023, après la mort d’un Tunisien lors d’une rixe avec des ressortissants d’Afrique sub-saharienne à Sfax, des centaines de migrants ont été arrêtés dans cette métropole épicentre des départs clandestins vers l’Europe.
En quelques jours, plus d’un millier de personnes ont été déplacées vers des zones désertiques aux frontières avec la Libye et l’Algérie.
L’OMCT affirme que ces expulsions sont illégales et constituent une violation des traités internationaux signés par la Tunisie.
Le rapport s’inquiète également des conditions de vie inhumaines auxquelles sont soumis les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en Tunisie.
Les personnes expulsées vers la Libye sont souvent confrontées à la torture, à la violence sexuelle et à la détention arbitraire.
Ceux qui restent en Tunisie sont souvent confrontés à des conditions de vie indignes, sans accès aux services de base, à l’emploi et à des sources de revenus.
Selon InfoMigrants, depuis septembre, plus de 1 500 migrants ont été interpellés par les autorités tunisiennes sur terre ou en mer puis envoyés manu militari à la frontière libyenne. Ils ont ensuite été récupérés par des Libyens et transférés dans des prisons du pays. InfoMigrants a récolté plusieurs témoignages d’exilés racontant ces expulsions et détaillant le mode opératoire des forces tunisiennes et libyennes.
L’OMCT appelle les autorités tunisiennes à mettre fin aux violations des droits humains des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile.
L’ONG demande également à l’Europe de cesser de pressionner la Tunisie pour qu’elle expulse ces personnes.