L’intelligence artificielle n’est plus une simple tendance technologique ; elle est en train de redéfinir la manière dont les organisations fonctionnent. Pour les Organes d’Administration (OA) d’associations sans but lucratif (ASBL) en Belgique, l’adoption de l’IA représente une occasion unique d’amplifier leur impact. Cependant, cette opportunité s’accompagne de responsabilités. Une approche stratégique, sécurisée et éthique est essentielle pour exploiter l’IA de manière efficace sans compromettre la mission ni la confiance.
L’IA est un copilote, pas un pilote automatique
Pour un Organe d’Administration, l’IA est un outil de soutien, et non un substitut aux décisions humaines. Son rôle est d’améliorer l’efficacité en automatisant des tâches, en analysant de vastes ensembles de données et en générant des perspectives. Néanmoins, la responsabilité fiduciaire de chaque administrateur reste inchangée, incluant le devoir de diligence, de loyauté et d’obéissance. En Belgique, les administrateurs d’ASBL ont une responsabilité qui a été renforcée par le CSA, rendant leur rôle d’autant plus crucial.
Se fier aveuglément à l’IA peut mener à des dérives. L’utilisation sans supervision humaine risque d’engendrer une pensée de groupe, une analyse superficielle ou une dépendance excessive à l’automatisation. Il est crucial d’aborder les informations générées par l’IA avec un esprit critique et un sain scepticisme.
Les défis de l’IA : risques et précautions
Même les systèmes d’IA les plus sophistiqués présentent des lacunes qu’il est important de reconnaître :
- Hallucinations : L’IA peut générer de fausses données ou inventer des faits, en les présentant comme véridiques.
- Biais : Si les données d’apprentissage sont non diversifiées, l’IA peut reproduire et amplifier des préjugés existants.
- Simplification excessive : En résumant des informations complexes, l’IA peut omettre des nuances importantes.
La clé est de considérer l’IA comme un copilote. Elle peut vous aider à naviguer, mais c’est à vous, membres de l’OA, de prendre le volant et de valider les décisions.
La confidentialité des données, une priorité absolue : la conformité au RGPD et au-delà
La sécurité et la confidentialité des données sont des questions primordiales. Les Organes d’Administration traitent régulièrement d’informations sensibles liées aux donateurs, aux employés ou à la stratégie de l’organisation. L’utilisation d’outils d’IA publics ou gratuits comme ChatGPT et Gemini peut poser des risques, car ces plateformes pourraient stocker ou utiliser vos données de manière non sécurisée.
En Europe, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) impose des obligations strictes. En tant qu’ASBL, vous êtes responsables des données que vous traitez, même si vous utilisez des outils tiers. Vous devez vous assurer que les données personnelles des citoyens européens (donateurs, bénéficiaires, etc.) sont protégées. L’Autorité de protection des données (APD) en Belgique est l’organe de surveillance chargé de faire respecter ces règles.
De plus, le futur AI Act (règlement sur l’IA) de l’Union européenne va encore plus loin. Il classera les systèmes d’IA en fonction de leur niveau de risque et imposera des exigences de transparence, de traçabilité et de supervision humaine pour les systèmes considérés à « haut risque ». Les organisations devront évaluer et documenter la conformité de leurs outils d’IA.
Pour protéger vos informations et respecter ces réglementations, recherchez des fournisseurs d’IA qui :
- Sont certifiés SOC 2 et ISO-27001.
- Sont conformes aux lois en vigueur, comme la loi HIPAA (le cas échéant) et surtout le RGPD et la législation belge qui en découle.
- Font preuve de transparence quant à leurs politiques d’utilisation des données.
En d’autres termes, choisissez des outils d’IA spécialement conçus pour une utilisation sécurisée et confidentielle au sein des Organes d’Administration.
Un guide en 6 étapes pour une adoption responsable de l’IA
Pour intégrer l’IA de manière efficace et sécuritaire, voici une feuille de route en six étapes pour votre Organe d’Administration :
- Discutez de l’IA au sein de l’OA : Ajoutez l’IA à votre ordre du jour. Vous pouvez même créer un sous-comité pour guider l’exploration de cette technologie.
- Définissez votre position stratégique : Élaborez une politique interne sur l’utilisation de l’IA par votre organisation, en veillant à ce qu’elle s’aligne sur votre mission, vos valeurs éthiques et vos obligations légales, notamment en matière de protection des données.
- Mettez en œuvre des programmes de formation : Organisez des ateliers ou fournissez des ressources pour que les administrateurs comprennent les bases de l’IA et ses pièges potentiels.
- Équilibrez les risques et les opportunités : Effectuez un audit des risques liés à l’IA et préparez un plan de crise. N’hésitez pas à consulter un conseiller juridique, notamment pour vous assurer de la conformité au RGPD et à la future législation européenne sur l’IA.
- Protégez vos données et votre propriété intellectuelle : Limitez le type de données que vous soumettez aux outils d’IA et examinez attentivement les pratiques de sécurité de vos fournisseurs. Assurez-vous qu’ils respectent les exigences du RGPD concernant le traitement et le stockage des données personnelles.
- Ce n’est pas un simple point à mettre à l’ordre du jour : Considérez l’adoption de l’IA comme un sujet de leadership stratégique plutôt qu’une simple décision informatique.
L’IA n’est pas une simple mode. C’est un changement fondamental dans la gouvernance qui peut permettre aux Organes d’Administration des ASBL de diriger avec plus de clairvoyance et d’intégrité. En évaluant les risques et en adoptant une approche stratégique et sécurisée, les dirigeants peuvent instaurer une gouvernance plus efficace, mieux informée et plus alignée sur leur mission.