L’intelligence artificielle (IA) transforme rapidement notre société, et le secteur associatif n’échappe pas à cette révolution numérique. Il ne se passe pas un jour sans qu’un article, une émission, un site web, ne viennent présenter les nouveautés en matière d’intelligence artificielle. De la même manière, les alertes à propos des risques et dangers que peuvent susciter l’usage et la mise en place de l’IA dans les entreprises et les associations viennent également perturber la sérénité des responsables d’associations qui constatent que le recours à cette technologie s’accroît en permanence, y compris parmi leur personnel. Les nouvelles générations qui entrent dans nos organisations utilisent quotidiennement ChatGPT et ont même remplacé, malheureusement, Google par cette application.
Beaucoup d’organisations sont désemparées par rapport à l’arrivée de cette nouvelle technique. Elle reste obscure pour beaucoup, qui ne la maîtrisent pas encore. Son arrivée va engendrer des bouleversements aussi radicaux (si pas plus) que l’introduction de l’informatique fin des années 80.
Les critiques que l’on lit régulièrement dans les médias engendrent fort naturellement des questionnements sur l’équilibre entre les avantages de l’adoption de l’ IA et les retombées, notamment climatiques ou encore sociales de son usage. Peut-on défendre des mesures radicales pour garantir une transition écologique efficace, et faire écrire ses tracts ou appels à manifester par cet assistant numérique sans tomber dans le greenwashing?
On le voit, cette technologie présente à la fois des opportunités significatives et des défis majeurs pour les associations. Elle va réclamer la mise en place de stratégies transparentes, de réflexions communes et surtout de formations adaptées. Car s’il est important de connaître les bons “prompts” pour utiliser de façon efficace l’IA, il est capital de ne laisser personne sur le bord de la route. Les valeurs que nous défendons ne seront protégées qu’à ce prix.
Il appartient enfin au monde associatif de développer les capacités d’analyse et les compétences nécessaires pour procéder à l’analyse critique des dispositions et politiques mises en œuvre par nos gouvernements (on pense ici notamment à l’IA Act de l’Union Européenne).
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Examinons donc les risques et défis suscités par l’IA.
Les risques majeurs
L’impact environnemental
L’empreinte carbone constitue l’un des premiers points d’attention. L’entraînement des modèles d’IA et leur utilisation nécessitent une consommation énergétique considérable. Les centres de données requis pour faire fonctionner ces systèmes sont énergivores, générant une empreinte carbone significative. Ce constat peut créer un conflit avec leurs valeurs fondamentales et la mission de nos organisations. Il est capital d’intégrer ces données dans le bilan carbone de nos associations.
Les enjeux sociaux et l’emploi
L’automatisation de certaines tâches par l’IA soulève des inquiétudes légitimes concernant l’emploi dans le secteur associatif. Les postes administratifs, de saisie de données ou de premier niveau de relation avec les bénéficiaires pourraient être particulièrement impactés. Cette situation pourrait affecter des emplois souvent occupés par des personnes en insertion ou en réinsertion professionnelle, public cible de nombreuses associations.
Les inégalités technologiques
L’adoption de l’IA risque de creuser les écarts entre les associations. Les grandes structures disposant de moyens financiers et techniques conséquents pourront plus facilement investir dans ces technologies, tandis que les petites associations pourraient se retrouver distancées. Cette fracture numérique pourrait affecter leur capacité à remplir leurs missions et à maintenir leur influence dans leurs domaines d’intervention.
La dépendance technologique
L’intégration de solutions d’IA peut créer une dépendance vis-à-vis des fournisseurs de technologies, souvent des entreprises privées aux intérêts divergents de ceux du secteur associatif. Cette situation peut compromettre l’autonomie des associations et leur capacité à contrôler leurs données et leurs processus.
Les opportunités à saisir
L’optimisation des processus internes
L’IA offre des possibilités remarquables pour améliorer l’efficacité opérationnelle des associations. L’automatisation des tâches administratives répétitives (gestion des adhésions, comptabilité, reporting) permet aux équipes de se concentrer sur les activités à plus forte valeur ajoutée humaine. Cette optimisation peut générer des économies significatives et libérer du temps pour les missions essentielles.
L’amélioration de l’impact social
Les outils d’IA peuvent renforcer la capacité des associations à comprendre et répondre aux besoins de leurs bénéficiaires. L’analyse prédictive peut aider à anticiper les besoins, optimiser la distribution des ressources et mesurer plus précisément l’impact des actions menées. Les chatbots peuvent assurer un premier niveau d’information 24/7, améliorant l’accessibilité des services.
La personnalisation des services
L’IA permet une personnalisation accrue des services proposés aux bénéficiaires. Les systèmes de recommandation peuvent suggérer des ressources pertinentes, des formations adaptées ou des services spécifiques en fonction des profils et des besoins individuels. Cette approche sur mesure peut significativement améliorer l’efficacité des actions menées.
Le développement des ressources
Les outils d’IA peuvent contribuer à optimiser la recherche de financements, la communication avec les donateurs et la gestion des campagnes de collecte de fonds. L’analyse des données permet de mieux cibler les potentiels soutiens et d’adapter les messages pour maximiser leur impact.
Et alors?
Préparer le terrain : l’évaluation stratégique
L’intégration réussie de l’intelligence artificielle dans le secteur associatif nécessite une approche méthodique et réfléchie. La première étape cruciale consiste en une évaluation stratégique approfondie. Avant tout déploiement, les associations doivent procéder à un audit complet de leurs processus existants afin d’identifier précisément les domaines où l’IA apporterait une réelle plus-value. Cette analyse préliminaire doit s’accompagner de la définition d’indicateurs de performance clairs permettant de mesurer l’impact futur des solutions d’IA. La consultation de l’ensemble des parties prenantes, qu’il s’agisse des salariés, des bénévoles ou des bénéficiaires, s’avère indispensable pour comprendre leurs besoins et appréhensions. Une analyse coûts-bénéfices détaillée, incluant les coûts cachés comme la formation, la maintenance et les mises à jour, complète cette phase préparatoire.
Concilier innovation et responsabilité environnementale
L’engagement environnemental constitue un second pilier essentiel de cette transformation numérique. Les associations doivent privilégier des fournisseurs de services cloud engagés dans une démarche d’utilisation d’énergies renouvelables. Le choix de modèles d’IA moins gourmands en ressources, véritablement adaptés aux besoins réels, permet de minimiser l’impact écologique. La mise en place d’indicateurs de suivi de la consommation énergétique et l’optimisation des ressources informatiques, notamment par la mutualisation des infrastructures, participent également à cet objectif de sobriété numérique.
Former et accompagner : la clé du changement
La formation et l’accompagnement des équipes représentent un enjeu majeur pour la réussite de cette transition. Un plan de formation complet, adapté aux différents niveaux de compétence présents dans l’organisation, doit être développé. L’instauration d’un système de mentorat interne facilite le transfert de compétences, tandis que la création de groupes de travail mixtes, associant experts techniques et utilisateurs finaux, permet une appropriation progressive des outils. Des phases de test régulières, accompagnées de retours d’expérience, garantissent une adaptation optimale aux besoins du terrain.
Préserver l’humain au cœur du dispositif
La préservation de la dimension humaine demeure une préoccupation centrale. Les associations doivent définir avec précision les domaines où l’intervention humaine reste indispensable et établir des protocoles de décision clairs précisant les situations où l’IA doit céder la place à l’humain. Des mécanismes de contrôle et de supervision humaine des décisions automatisées doivent être instaurés, tout en maintenant des alternatives non numériques pour les publics éloignés du numérique.
Mutualiser les ressources : l’union fait la force
La mutualisation des ressources et le partage des bonnes pratiques constituent des leviers essentiels pour optimiser l’intégration de l’IA. Les associations ont tout intérêt à créer ou rejoindre des groupements pour mutualiser leurs investissements et partager leurs expériences. Le développement de partenariats avec des écoles et universités peut permettre de bénéficier d’expertise à moindre coût, tandis que la mise en place de plateformes communes facilite le partage de ressources et d’outils.
Garantir l’éthique et la protection des données
La protection des données et l’éthique doivent faire l’objet d’une attention particulière. L’établissement d’une charte éthique claire concernant l’utilisation de l’IA s’impose comme une nécessité. Des protocoles stricts de protection des données personnelles doivent être mis en place, accompagnés d’une transparence totale sur les algorithmes utilisés. Des audits réguliers permettent de prévenir l’apparition de biais dans les systèmes d’IA.
Avancer pas à pas : l’approche progressive
Enfin, une approche progressive et modulaire s’avère indispensable pour une intégration maîtrisée. Il est recommandé de débuter par des projets pilotes à petite échelle, dont les résultats seront rigoureusement évalués avant tout déploiement plus large. Cette approche modulaire doit permettre d’ajuster la stratégie, voire de faire marche arrière si nécessaire. Des périodes de transition suffisantes entre les différentes phases de déploiement garantissent une adaptation sereine de l’organisation.
L’intelligence artificielle représente une opportunité majeure pour le secteur associatif, mais son adoption doit être guidée par les valeurs fondamentales du secteur : solidarité, inclusion et durabilité. Une approche réfléchie et collaborative, suivant ces recommandations détaillées, permettra aux associations de bénéficier des avantages de l’IA tout en préservant leur mission sociale et leur identité. La clé du succès réside dans l’équilibre entre innovation technologique et préservation des valeurs humaines qui font la force du monde associatif.
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